Aperçu des sections

  • Généralités

    • Chères étudiantes,

      Chers étudiants,


      Bienvenue sur le support Moodle du séminaire Sexualités, genres, savoirs en littérature et dans les arts 2025 qui sera consacré au thème :

      Genre et alimentation


      « La nourriture est un code, dépendant d’une énonciation et de règles de mise en signes », nous préviennent Karine Becker et Olivier Leplâtre dans l’introduction du volume collectif Écritures du repas. Pratique culturelle reposant sur une sémiologie, il est normal que l’alimentation intéresse les études littéraires. S’alimenter est aussi une fonction élémentaire de la biologie des êtres humains, à l’instar des autres animaux. L’alimentation peut donc très vite se faire passer pour naturelle, là même où elle ressortit de la culture et devenir « mythologie », comme le célèbre steak-frites de Roland Barthes signifie la francité. Cette confusion nature/culture constitue l’un des champs d’investigation des études de genre. Et en effet, socialement, certains aliments sont sensés plutôt plaire aux hommes, d’autres aux femmes. De nombreuses caricatures contemporaines font écho à cet imaginaire, en représentant un monsieur amateur de grosses pièces de viande face à une dame préférant une petite salade. Les travaux d’Yvonne Verdier ont pu montrer que le travail des aliments était réparti différemment selon le genre : aux hommes les grillades et les salaisons, aux femmes les plats mijotés. Se dessinent ainsi tout un ensemble de normes qui délimitent des territoires. Par rapports à ces normes, la littérature peut mettre en scène des excès, que ce soit pour les critiquer ou les interroger. De Madame Bouvillon, la « grosse sensuelle » ridiculisée par Scarron dans son Roman comique, à la relation d’empathie qu’Ananda Devi construit avec la narratrice obèse de Manger l’autre, le péché gourmandise se construit dans un certain rapport au genre. Les excès peuvent aller au plus haut crime, avec l’anthropophagie, et la mettre en scène à travers des personnages féminins caractérise souvent alors le motif du mundus inversus où la mère nourricière devient dévoratrice de l’enfant. On croise de telles infanticides carnassières dans la Venjance Nostre Seigneur des XIIe-XIIIe siècle, ou dans Les Tragiques d’Agrippa d’Aubigné. Différentes figures d’ogresses dans les contes en sont des versions passées au crible du merveilleux. 

      D’autres textes préfèrent jouer d’un léger décalage par rapport à cette répartition du territoire alimentaire. Les différents personnages de marchands dans Le Ventre de Paris de Zola sont construits selon un imaginaire métonymique par rapport aux marchandises qu’ils vendent, mais ils se déclinent aussi selon le genre. Annie Ernaux subvertit les codes sociaux du supermarché dans Regarde les lumières mon amour. Marie NDiaye confie la biographie de sa Cheffe à un narrateur masculin, son commis de cuisine. L’alimentation finit par définir un certain rapport à la culture. « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es » : l’aphorisme de Brillat-Savarin fait bien de l’aliment un fondement de l’identité. Très souvent alors, l’aliment devient le substitut de l’espace d’origine. L’intime se mêle alors au culturel, dans une dramaturgie où le genre joue son rôle. La fameuse madeleine qui permet la cartographie affective de Combray pour le narrateur d’À la recherche du temps perdu est associée à la figure féminine de la tante Léonie. Sur un tout autre registre, dans les courants de pensée écoféministes aujourd’hui, l’émancipation passe par la réappropriation des cultures qui permettent la production des aliments. 

      Le séminaire se propose d’étudier, à travers les siècles, les rapports entre les signes du genre et les signes alimentaires. Il s’agit à la fois de voir comment les deux s’entremêlent dans les imaginaires littéraires, comment les aliments, en accord ou en décalage par rapport à des conceptions culturelles, se féminisent ou se masculinisent. On tâchera également de voir le regard critique que la littérature peut porter sur ce genre d’association, sa capacité à démythifier. 


    • Mini-mémoire de 6 à 8 pages (15 à 20.000 signes) sur un sujet en lien avec le thème du séminaire, après avis de l'un des enseignant(e)s.

  • mardi 28 janvier 2025

    Introduction à trois voix

    Présentation des études de genre (FA) : Des « Études féministes » aux « Études de genre ». Féminisme différencialiste ou essentialiste. Études sur les masculinités. Études Queer.

    De la difficile articulation entre militance ou affirmation identitaire et posture de recherche. Ne pas être dans l’affirmation, mais dans l’interrogation.

    Femmes anthropophages (AL) : Façon de dire, façon de faire par Yvonne Verdier (exclusion des femmes réglées des saloirs. Cuisines genrées : salaisons vs plats bouillis).

    Pénitentiels (XIe-XXe siècles). Le Malleus maleficatum d’Institoris et Sprenger. Le tableau d’une mère anthropophage lors du siège de Sanserre (1573) par Agrippa d’Aubigné dans Les Tragiques (« Misères », v. 485 et suiv.).

    L’alimentation comme mythologie (FA)  : « Le triangle culinaire » par Levi-Strauss (1965). Linda Lê, Les Trois Parques ; Lauren Malka, Mangeuses.

    Apparition de la gastronomie. Maryse Condé, Victoire, les saveurs et les mots (2006)



  • mardi 11 février 2025

    Introduction (suite et fin)

    Cuisine et queer (Jch A.) : L’épisode du porc (faussement) non vidé du festion de Ttimalcion dans le Satyricon de pétrone.

    Tradition des plats et aliments déguisés dans la cuisine classique et sa progressive critique au nom d’une nouvelle cuisine bourgeoise, défendue au nom des valeurs de simplicité, de santé et d’économie.

    Âge classique et genèse de l’hétéronormativité.


    Jean-Christophe Abramovici : Cuisiniers / cuisinières

    « L’Alimentation, arme du genre » : hypothèse développée par certain.e.s anthropologues contemporain.e.s sur la discrimination alimentaire dont auraient été victimes les femmes dès les origines afin de limiter leur taille, et assurer une progressive domination masculine.

    Leçon des dictionnaires : femme exclue du statut professionnel du cuisinier.

    Traités de cuisine : floraison tardive de traités à partir de 1651. La totalité des ouvrages sont rédigés par des hommes, à l’interface du monde aristocratique auquel ils appartiennent (cf. code de l’honneur et suicide de François Vatel) et du monde bourgeois auquel ils s’adressent de plus en plus.

    Apparition de cuisinières “factices”, inventées comme argument de vente.

    Hypothèse : lire cette multiplication de figures féminines imaginaires comme le signe d’une évolution de l’horizon d’attente érodant au fil des ans la dominaation masculine.

    Littérature : cuisinières séduites sans récit par Casanova. Rousseau et le remords d’avoir trahi Marion après l’épisode du vol des rubans. Récit de la visite de François d’Escherny : la cuisine « apprêtée supérieurement » dans le « genre simple » par Mlle Le Vasseur, compagne de Rousseau… interdite de table.

    Iconographie : surreprésentation de la cuisinière dans les scènes de genre de tradition hollandaise. Thèmes sous-jacents de la maternité (fertilité) et de la séduction sexuelle (“romans” : abandon, personnages sur leur garde, couteau en main…)

  • mardi 18 février 2025

    Bertrand Marquer (Université de Strasbourg) : ”Une affaire d'hommes : l'ordre gastronomique du XIXe siècle”

    Une approche historique de la gastronomie et de ses symboliques.

    La gastronomie au 19e siècle : un objet de discours polymatique

    Invention de Joseph Berchoux en réponse au poème didactique de Jacques Delille, la gastronomie est à envisager dans un sens plus large, comme nouvel ordre symbolique. Mythe gastronomique, en partie imaginaire (ex. idée que le restaurant comme lieu aurait été inventé au 19e siècle).

    Fonction normative et masculine de la gastronomie, excluant le domestique (féminin).


    Diététique et « sens génésique » : le genre de l’alimentation

    Entre comique et sérieux, nouvelles typologies des tempéraments, enfermant les femmes dans les vapeurs (hystériques) des régimes.


    Ambition mimétique et représentations genrées

    « Mange-t-on dans René ? » (Balzac, Falthurne, 1820).

    Dans les romans, femmes légitimes exclues des repas sociaux (au restaurant). Femme, comme objet de conversation/consommation.

    Figure repoussoir de la femme goule, ogresse.

    Le Ventre de Paris et la logique du ventre féminin

    Huysmans et les joies brèves du célibat reflétant à nouveau l’angoisse de l’ingestion.



  • mardi 18 mars 2025

    Gema Charmaine Gonzales : “Reprendre la langue : les stratégies de foodplay dans les littératures sud-est asiatiques contemporaines”

    Les stratégies de foodplay

    Jeux linguistiques et expérimentations génériques visant à déstabiliser l’autorité masculine et coloniale.

    Cuisine comme espace d’agentivité.

    Bearing Fruit d’Alfar (2017)

    Histoire d’une femme fécondée par une mangue. Mythes indonésiens traditionnels revisités

    The Offering de Gabriela Lee (2018)

    Motif d’un pain cuit rouge vif consommé dans le cadre de festivités pour la fertilité. Transmission héréditaire et culinaire.

    Virgintarian de Mayette Bayuga (2020)

    État viergetarien : abstinence provisoire, refus temporaire de céder aux plaisirs de la chair vivante.


  • mardi 25 mars 2025

    Présentation des projets de mini-mémoires


  • mardi 1er avril 2025

    Florian Alix (Sorbonne Université) : “Les hommes à la cuisine chez Ananda Devi et Marie NDiaye”

    Préambule : « the best cooks are men » (https://www.youtube.com/watch? v=O06YWbuMCfA)

    Prolégomènes théoriques autour de l'article de Valentina Tamassini.

    1. Genre et cuisine chez Manada Devi et Marie NDiaye : tensions et désordres

    2. Ne pas transmettre : cuisine au masculin et aliénation

    Des cuisines de terroir

    « Kari disan » : masculinités non-hégémoniques (Raewyn Connell)

    La Cheffe, roman d’une cuisinière : empouvoirement au féminin ?

    Mon cœur à l’étroit : être assimilée

    Manger l’autre : lasagnes ou steak frites ?

    3. Éros et Thanatos en cuisine

    « Kari disan » : cuisine et meurtre

    Manger l’autre : processus mortifère

    Manger l’autre : Thanatos derrière Éros

    Mon cœur à l’étroit : parents nourriciers ?

     La Cheffe et son commis : bonnes ou mauvaises mères ?


  • mardi 8 avril 2025

    Suite à la fermeture surprise du site de la Sorbonne, la séance est annulée. L'exposé d'Estelle Benazet est reporté au 6 mai 2025.
  • mardi 6 mai 2025

    Estelle Benazet : “Sur les femmes affamées dans la littérature contemporaine et le roman Le Régime parfait” 


     Jérôme Laubner
    (Université de Montpellier) : “Genre et alimentation dans les recueils satyriques du début du XVIIe siècle”