De façon générale, l’ornement est considéré comme un élément secondaire ajouté à un élément premier ou principal, qu’il s’agisse d’un corps physique (vêtement, parure, tatouage), d’une structure (bâtiment, pièce), d’un discours, d’une mélodie. À partir de l’expression « corps de l’ornement », forgée pour les besoins de ce cours, on s’intéressera tout particulièrement à la nature et à la fonction du support dans l’élaboration d’une théorie de l’ornement. Dans quelle mesure les paradigmes du cadre du tableau, du vêtement ou du maquillage ou encore de la calligraphie et de l’arabesque nourrissent-ils une ou des pensées de l’ornement ? Selon quels présupposés et avec quelle visée ? Cette inflexion matérielle permettra de reprendre à nouveaux frais des références philosophiques générales sur ce thème (le Gorgias de Platon, la rhétorique de Cicéron et Quintilien, la théorie et l’éthique d’Alberti) et de les croiser avec des textes d’anthropologie de l’art et d’histoire culturelle. En esquissant les multiples manières dont un ornement peut faire corps ou non avec un support qu’il décore, on reviendra alors de façon critique sur une idée largement admise, celle selon laquelle de l’expérience d’une recherche stylistique et ornementale résulte un sentiment de plaisir particulièrement intense et vivifiant.
- Enseignant.e: Marie Schiele