Le cours "Histoire de l'islam moderne et contemporain (XVIIe-XXIe siècles)" se décline chaque année en un cours thématique.

En 2024-2025, comme en 2023-2024, le cours portera sur « 

Catherine Mayeur-Jaouen, Sorbonne Université - 

L5 HI0157 / L6 HI0157 Histoire de l’Islam moderne et contemporain (2024-2025)

TD lundi 17h-19 h C. Mayeur-Jaouen et L. Pesquet

TD mardi 9h-11 h L. Pesquet

CM jeudi 8 h 30-9 h 30, amphi Quinet 

Premier semestre : À l’époque moderne (XVIe-XIXe siècle), une démographie similaire à celle de l’Ancien Régime en France prévaut au Maghreb et au Moyen-Orient. Les structures des familles y prennent des contours spécifiques dus à l’importance du fait tribal et au fonctionnement du droit musulman et des tribunaux sharî’atiques, mais on constate des attitudes similaires face aux âges de la vie, notamment la naissance et l’éducation. La famille a pour centre le mariage. Il en est de même chez les chrétiens et juifs du Moyen-Orient, avec leurs propres tribunaux. Si la famille nucléaire existe, c’est souvent au sein de familles élargies – incluant esclaves et domestiques – formant un household chez les plus riches et les plus puissants. En ville, on constate l’existence d’un travail des femmes de milieu populaire, souvent dans le textile. À la campagne, elles participent aux travaux des champs, au ramassage du bois, à la corvée de l’eau. Au XIXe siècle, avec l’essor de l’orientalisme et de la colonisation, les femmes deviennent un enjeu : c’est le début de la « question féminine ». 

 Second semestre : À l’époque contemporaine (fin XIXe siècle-XXIe siècle), de profonds bouleversements démographiques et des mutations juridiques de grande ampleur préludent ou accompagnent les premiers discours féministes arabes à la fin du XIXe siècle et autour de 1900. Ces discours émanent d’hommes comme Qâsim Amîn (m. 1908), auteur du célèbre Tahrîr al-mar’a, ou de femmes comme Hudâ Sha’râwî qui passe pour la première femme de l’élite égyptienne à dévoiler son visage en 1923. Le « dévoilement des femmes » (sufûr) devient un thème de l’entre-deux-guerres au Proche-Orient. Au Maghreb, l’effet de la colonisation a des effets paradoxaux, et contribue à la fois à alimenter un féminisme militant subordonné à la lutte pour l’indépendance, et à maintenir des structures traditionnelles patriarcales. Au cours du XXe siècle, le droit de la famille évolue considérablement dans tous les pays du Moyen-Orient qui s’attachent, au moment des indépendances, à mener des politiques publiques de l’enfance (autour des politiques de la naissance par exemple) et à encourager l’éducation des filles et leur accès à l’enseignement supérieur – éventuellement au travail. Émergent à la fin du XXe siècle de nouveaux types de féminismes qui se réclament désormais ouvertement de l’islam. Au début du XXIe siècle, la mutation des modèles familiaux qui allaient vers la famille nucléaire sont ébranlés par sa fragilisation : c’est ce qu’attestent les séries télévisées turques, par exemple.