L’épreuve porte cette année les Principes de la philosophie de Descartes dans la traduction française de l’abbé Picot. Sont au programme les passages suivants : 1/ la dédicace « À la Sérénissime Princesse Élisabeth » ; 2/ la « Lettre de l’auteur à celui qui a traduit le livre laquelle peut ici servir de préface ») ; 3/ Première Partie ; « Des principes de la connaissance humaine » [en entier] ; 4/ Seconde Partie : « Des principes des choses matérielles » [en entier] ; 5/ dans la Troisième Partie : « Du monde visible », exclusivement les articles 1 à 69 ; 6/ dans la Quatrième Partie : « De la Terre », exclusivement les articles 188 à 207. Le jury précise qu’il utilisera l’édition suivante : Descartes, Œuvres philosophiques, tome III (1643-1650), éd. F. Alquié, Garnier (1973) reprise dans l’édition Garnier - Classiques Jaunes n° 541 (2010-2018).

Ces indications appellent trois remarques. – D’abord, les parties et articles retenus pour l’agrégation 2025 sont quasi-exactement ceux qu’avait retenus le jury pour l’agrégation 2010. Nous renvoyons donc les candidats au rapport de jury 2010 disponible en ligne, où ils trouveront indiqués les forces et faiblesses des prestations présentées au jury, ainsi que l’ensemble des extraits soumis aux candidats. Ces textes doivent constituer pour eux une banque de sujets exploitables dans leurs exercices. – Ensuite, le jury retient la traduction de l’abbé Picot en rappelant que cette traduction fut « revue par Descartes ». Entre autres indications confirmant cette précision, on sait par Baillet, le biographe de Descartes, et par la lettre à Picot du 17 février 1645, que Descartes eut entre les mains un manuscrit des trois premières parties (AT IV 147 et 180) ; d’autre part, Descartes lui-même affirme dans la Lettre de l’auteur à celui qui a traduit le livre laquelle peut ici servir de préface, que la traduction française des Principia est « si nette et si accomplie, qu’elle [lui] fait espérer qu’ils seront lus par plus de personnes en français qu’en latin, et qu’ils seront mieux entendus » (AT IX-2, 1). Ce n’est pourtant pas à dire qu’il n’existe nulle différence entre le texte des Principia philosophiae, de 1644, et les Principes de la philosophie de 1647. Comment expliquer ces différences ? Faut-il y voir les traces d’une « évolution » de la pensée cartésienne ou d’une maladresse du traducteur ? Ces questions, qui ont en leur temps beaucoup occupé les études cartésiennes – et à juste titre –, ne doivent pas beaucoup retenir l’attention des agrégatifs : le jury invite au contraire à les suspendre, en considérant le texte de 1647 comme pleinement cartésien. Certes, le cours ne s’abstiendra pas toujours de remarques portant sur les écarts entre le latin de 1644 et le français de 1647, mais celles-ci n’auront de valeur que marginales et ne sauront, à l’échelle de l’agrégation, porter à conséquence. Qu’il suffise de remarquer que les Principes de 1647 font parfaitement jouer l’indétermination présente dans la nature même de l’épreuve : « explication d’un texte français ou traduit en français » : les Principes peuvent revendiquer ces deux statuts.  – Enfin, bien que seuls les Principes soient au programme, il est hautement recommandé aux candidats, comme le souligne le rapport de l’agrégation 2010, de se familiariser avec la pensée de Descartes en relisant, au moins, le Discours de la méthode et les Méditations métaphysiques.

Le jury indique qu’il utilisera l’édition de F. Alquié, laquelle demeure recommandable et commode mais inexplicablement coûteuse depuis le dernier retirage. Les notes de bas de page, orientées par l’interprétation qu’Alquié lui-même avait élaborée sur Descartes, attirent néanmoins souvent l’attention sur de réelles difficultés. A défaut de l’édition Alquié, les candidats peuvent recourir à l’édition de leur choix, par exemple au volume IX de l’édition de référence des Œuvres, par Charles Adam et Paul Tannery, révisée par B. Rochot et P. Costabel, 11 volumes, Paris, réédition Vrin-CNRS., 1964-1974. On utilisera également avec profit la sélection d’articles des Principes de la philosophie par X. Kieft et D. Moreau, Paris, Vrin, 2009 : l’appareil de notes dû à X. Kieft est très sûr et la traduction nouvelle de D. Moreau peut être commodément conférée avec la traduction de l’abbé Picot, reprise en bas de la page.

Une bibliographie sera donnée au fur et à mesure de l’étude, mais indiquons d’ores et déjà, en guise de « manuels de cartésianisme », Jean Laporte, Le rationalisme de Descartes, Paris, PUF, 1950 et/ou Geneviève Rodis-Lewis, L’œuvre de Descartes, Paris, Vrin, 1971, rééd. 2013. Enfin, issu d’un cours sur les Principes, l’ouvrage d’Édouard Mehl, Descartes et la visibilité du monde, Paris, PUF, 2009, rééd. 2024, constitue un excellent viatique.