« Phénoménologique et empirisme : Husserl et Reinach face à l’empirisme humien »

Ce séminaire sera consacré aux interprétations phénoménologiques de la pensée de Hume. Une image traditionnelle de Hume a été forgée par Kant, tant dans la « Discipline de la raison pure » de la première Critique qu’au début des Prolégomènes à toute métaphysique future : Kant lisant exclusivement Hume à partir de l’Enquête sur l’entendement humain, il y voit la mise en question de la nécessité de la connexion causale, contre laquelle il élabore sa notion du synthétique a priori, et en particulier de la liaison causale comme possédant une validité universelle et nécessaire. Dans un texte très incisif, le disciple de husserl Adolf Reinach met en question cette lecture kantienne : il conteste essentiellement l’assimilation que fait Kant des relations entre idées mathématiques à une connexion analytique, ainsi que la confusion entre la nécessité des connexions d’essence et la nécessité modale de la connaissance. Plus largement, Husserl conteste le point de départ de la lecture kantienne : c’est à partir du Traité de la nature humaine qu’il faut lire Hume pour avoir une image complète de sa pensée, et non simplement à partir de l’Enquête ; partant du premier, Husserl lit ainsi chez Hume un essai radical de philosophie purement immanente qui met en suspens toute extériorité pour faire retour aux données absolues de la perception interne, avant d’interpréter l’existence des chioses extérieures comme des constructions ficitves de l’imagination ; il s’attache ensuite à mettre en évidence les présuppositions ininterrogées de cette démarche sceptique – nominalisme ou refus des objets généraux, méconnaissance de l’intentionnalité et de la nature de l’intuition.