Esthétique des environnements naturels et bâtis : paysages, architecture et urbanisme

Née dans les années 1970 dans les pays anglo-saxons, l'esthétique environnementale, qui traite, selon la formule de Allen Carlson et Arnold Berleant, de l' « appréhension esthétique du monde au sens large », doit s’intéresser non seulement aux environnements naturels, mais aussi aux environnements anthropiques. Elle doit par conséquent prendre pour objet d’étude les paysages, mais aussi l’architecture, un art auquel la philosophie de l’art (à l’exception notable de Hegel et Schopenhauer) s’est peu intéressée dans la mesure où la fonctionnalité de l’architecture, le fait qu’elle soit contrainte par des impératifs externes (matériels, techniques, économiques, politiques...), qu’elle vise à remplir des fonctions pratiques et symboliques (abri, protection, défense, glorification...), font qu’elle ne partage ni l’autonomie ni l’autotélie qui définissait l’idée moderne d’art. Si l’architecture importe tant à l’esthétique c’est que, au-delà de leurs fonctionnalités pratiques et symboliques, les œuvres architecturales produisent des émotions et influent sur les comportements. Il en va de même pour les environnements urbains, qui constituent la condition de la relation sensible au monde de plus de la moitié de la population mondiale. Ce sont les propriétés esthétique et aisthétiques des environnements naturels et bâtis qui sont le cadre de vie des individus, et qui exercent sur ces derniers des influences puissantes quoique largement souterraines en produisant des effets affectifs, cognitifs et comportementaux, qu’il s’agira d’explorer dans ce séminaire.